Contexte : Adrien est agité. Il court dans tous les sens pour répondre à ce qu’il perçoit comme ses obligations. Lorène observant la nervosité d’Adrien, l’invite à interroger l’Esprit universel à ce sujet.
Adrien : On me montre un pied de table, juste un pied, qui tient debout mais qui tangue un peu et tombe. Ce pied de table réclame un plateau qui irait sur lui, qui lui donnerait à la fois une fonction et un maintien. Ce pied de table n’est bien que lorsqu’il est à sa place sous la table. On attire mon attention sur le fait que la table a quatre pieds. Que je ne suis pas seul – moi étant le pied – à porter la table. Que ma place est un parmi quatre, donc que je n’ai pas à m’affoler d’avoir à porter la table tout seul. L’image que j’ai c’est celle du pied de table affolé qui fait des tours et des tours et des tours et qui tombe, vaincu par ses projections.
L’Esprit universel dit : Il est important pour toi Adrien, que tu te rappelles que ton rôle est simplement de faire ta part. Que tu sentes que tu t’inscris dans un travail collectif où les responsabilités sont partagées, que tu ne prennes pas sur toi la responsabilité de l’échec ou de la réussite de tout un projet, qui fait en réalité intervenir un bon nombre d’interlocuteurs. Cette agitation que tu ressens, ton cœur qui palpite, cette agitation grisante, est dûe au travail de ton imagination qui pousse bien au-delà de ses limites réelles le champ de tes responsabilités.
Adrien : Pourquoi je fais ça, pourquoi mon imagination se met à faire ça ?
L’Esprit universel dit : Cela provient d’une de tes craintes, dont nous avons parlé plus tôt, d’être responsable, coupable, du malheur d’autrui. Cette peur-là te fait prendre sur ton dos la responsabilité du bien-être de toutes les personnes qui sont en contact avec toi. C’est pour cela que tu t’agites, c’est pour cela que tu es nerveux, car alors tu te vois porter énormément, et ta bonne volonté te fait redoubler d’efforts. Il faudrait, pour que tu sois en paix, que tu réalises que tu n’es responsable ni du bonheur, ni du malheur, ni du bien-être, ni du mal-être des autres, et que tu voies que les limites du champ de ta responsabilité sont essentielles, car elles te montrent où est ta juste place, et où est celle des autres. En choisissant de ne pas t’écarter de ta place juste, tu laisses les autres prendre leur place, tu n’empiète pas sur leur territoire. Tu respectes leurs responsabilités, donc tu respectes leur pouvoir. Ils sont autonomes, tu n’as pas à les sauver, et cela permet à la relation entre toi et eux, d’être libérée du moule relationnel sauveur-sauvé que tu as tendance à imposer à tes relations. Tu découvriras que, libérées de ce carcan, les relations ont bien plus à t’apporter que ce que tu en perçois aujourd’hui. Prends donc ta place comme un pied de table parmis quatre. Sois heureux de n’avoir pour fonction que de porter un quart de la table, et sois reconnaissant que les trois autres pieds portent le reste.
Chaque fois que tu te rends compte que tu es tenté de porter plus que tu ne devrais, dis-toi : « Je renonce à occuper une place qui n’est pas la mienne. J’invite mes frères et sœurs à prendre leur juste place, afin que tous les besoins que je perçois soient résolus par leur réponse. Je suis reconnaissant qu’il en soit ainsi. »