Contexte : Adrien éprouve un sentiment ambivalent parfois, quant à son envie de peindre. Il sent que sa motivation est guidée par une contrainte auto-imposée. Il voudrait trouver une source de motivation plus lumineuse.
Adrien : Je vois une fontaine avec plusieurs niveaux, avec les filets d’eau qui partent de façon excentrique. Dans la vasque qui reçoit l’eau, il y a une feuille morte qui se balade, qui fait des tours dans la vasque. Une feuille d’érable rouge. Je la ressens comme un regret. Ça donne une touche nostalgique, romantique à la fontaine, quelque chose qui plombe l’ambiance générale, là où on pourrait avoir une fontaine qui jouit de son eau au soleil, là on a une fontaine qui pleure. L’attention de cette fontaine est orientée vers cette feuille en bas qui effectue le même petit cercle, petit parcours.
Je questionne, quel est ce regret ?
Il y a l’idée que j’aurais tiré peu de satisfaction de peindre par le passé.
L’Esprit universel dit : Regarde en toi, regarde au fond de toi, au bas de toi, comme au bas de cette fontaine, dans quel bourbier tu es empêtré. Qu’est-ce qui retient tes pas, quel est ce bourbier qui t’empêche d’avancer ?
C’est comme si un bras te retenait en tirant sur ton t-shirt dans ton dos. Je t’invite à te retourner pour voir de quel bras il s’agit.
Voilà ce qui est à réinventer. Ce qui est à réinventer, c’est toute ton histoire avec la peinture. Tout l’état d’esprit dans lequel tu te situais, lorsqu’avant tu peignais, lorsqu’avant tu dessinais.
Regarde cet état d’esprit, je te le décris :
Tu avais peur de ne pas être au niveau. Tu cherchais à améliorer ta technicité, dans une course haletante pour être chaque fois meilleur, de sorte que tu puisses dire : « si moi je n’y arrive pas, personne ne peut y arriver. »
Avant tu étais mu par l’esprit de compétition, et tu étais complètement incertain sur ta capacité à réaliser une vie d’artiste. Ce rêve te semblait bien éloigné, et tu attendais le miracle qui pourrait te faire sortir de l’ornière dans laquelle tu étais.
Voilà le rapport que tu avais avec la peinture. Une activité superstitieuse qui n’avait d’autre but que de combattre ta crainte de ne pas y arriver.
C’est pourquoi aujourd’hui lorsque tu motives ta pratique de la peinture par ces mêmes craintes, lorsque tu forces ton désir de peindre en le soumettant à cette croyance que tu ne vas pas y arriver, tu commences déjà là, déjà désespéré de produire une action vaine.
Adrien : Comment est-ce que je peux sortir de ça ?
L’Esprit universel dit : Rappelle-toi lorsque tu étais sur ton vélo-taxi, et où tu faisais ce jeu de choisir de rester sur place, de ne pas aller chercher les clients, si ce désir d’aller chercher des clients provenait de la peur, et non simplement d’un désir de se déplacer, une joie de se déplacer. À chaque fois que tu avais peur de faire un chiffre d’affaires très faible dans la journée si tu restais sur place, eh bien tu choisissais de rester sur place, afin de déjouer cette peur.
Je t’invite à faire la même chose. Tu peux choisir de te rééduquer par rapport à ton désir de peindre. Que ton désir de peindre ne soit plus soumis à tes vieux diktats, mais que tu puisses regoûter à la joie simple de peindre. Pour cela, la purification est nécessaire. Et je t’invite non-pas à te divertir lorsque tu ressens ce sentiment contradictoire d’une envie d’avancer tes peintures, et en même temps une tristesse par rapport à la qualité de ce désir, la motivation de ce désir, prends-en bonne note, regarde-le, reconnaît que tu réponds à un ancien schéma, que tu ne veux plus ce schéma, et puis demande à la joie de te guider à présent. Et vois ce que la joie te propose dans l’instant. La joie et ton meilleur allié.