Contexte : Adrien est vigilant à garder des rapports équilibrés avec les personnes qu’il rencontre. Cette vigilance le pousse parfois à réserver des richesses qu’il aurait pu offrir.
Adrien : Je vois une gomme qui efface un texte au crayon sur un papier, et en l’effaçant la feuille se trouve froissée.
L’Esprit universel dit : Le papier blanc seyes d’un cahier neuf offre le bonheur d’une structure immaculée, faite pour recevoir la marque de votre expression.
Un cahier usé, dans lequel vous avez beaucoup écrit, apporte un confort, l’intimité d’un ami, c’est un terrain connu, que vous avez découvert. C’est un cahier qui supporte la rature, un cahier ouvert à toutes formes d’expression. C’est un cahier qui pardonne facilement.
Lorsque vous tenez dans les mains un nouveau cahier, vous vous appliquez pour y écrire votre nom, et vous souhaitez que toutes les pages soient belles. Vous faites preuve de tant de soin.
La première rature que vous ferez sur ce cahier rompra le charme. C’est aussi cette première rature qui fera de ce cahier le vôtre. La première rature ramène le cahier vers vous. Vous perdez l’ambition de sortir de vous-même, et ce cahier qui était une bouteille à la mer lancée vers un idéal, devient un ami qui, sac au dos, vous accompagne sur les chemins tortueux comme sur les chemins droits.
Il en va de même pour vos relations. Malgré tout le soin que vous prendrez à faire de cette relation fraîchement née une relation qui vous sort de vous-même, viendra le moment de la bourde, de l’erreur, qui vous fera voir dans votre imperfection, et fera rentrer votre relation sous le toit de l’intimité.
Si vous n’êtes pas prêts à prendre ce risque, vos relations n’apporteront jamais rien de plus que ce que vous êtes. Car le cadeau qui vous élève vient du regard doux que porte un autre que vous sur votre maladresse. Comme ce cahier ami qui pardonne facilement.
Alors, si vous voulez garder de bonnes relations, un cahier plein de ratures, de découvertes et de joies, offrez vous à l’autre.