Contexte : Adrien ressent quelque chose de similaire dans l’attitude qui consiste à dire sans tri tout le contenu de ses pensées, en dans celle qui consiste à se lancer dans des projets irréalistes. Il demande à l’Esprit universel un éclairage sur cette intuition.
L’Esprit universel dit : Certaines personnes ont peur de s’exprimer, de prendre leur place dans le monde. Elles sentent que si elles s’exposent, elles s’exposent à un retour de bâton. Ces personnes se cachent. Elles ne veulent rien dévoiler d’elles qui les mettrait en danger. Elles cherchent des stratégies pour ne montrer aucune faiblesse.
Une de ces stratégies, et c’est paradoxal me direz-vous, est de toujours tout dire. D’être parfaitement transparent sur le contenu de ses pensées. Vous pourriez penser que cette démarche est motivée par un désir d’honnêteté. Mais ce désir d’honnêteté est en réalité un déguisement pour cacher la crainte de ne pas être honnête, de cacher des choses. De se cacher des choses à soi-même.
Qui se cache des choses à soi-même, ou ne veut pas les voir, aura parfois tendance à exposer le contenu de ses pensées de façon systématique afin de montrer pâte blanche. La stratégie de tout dire, de tout avouer, est la stratégie des coupables. Quelqu’un qui serait sûr de son intégrité, de ce qu’il est, de son assise juste en lui-même, n’aurait pas besoin de tout dire. Il n’aurait pas besoin d’appeler l’attention, l’énergie de l’autre, pour que celui-ci fasse le tri à sa place. Ce sont des appels à l’aide. Et ces appels à l’aide demandent une permission, la grâce d’une permission, ou la grâce d’une absolution. Ils cherchent l’acquiescement d’un parent. Quelqu’un qui pourrait dire : « oui mon fils, je t’accepte tel que tu es. »
En disant tout ce qui leur passe par la tête, les personnes cherchent à s’objectiver, à se débarrasser d’elles-mêmes. Elles confient la responsabilité de leur vie à autrui. Même si cet autrui peut être indéfini.
J’invite ces personnes à reconnaître ce qu’elles font, reconnaître qu’elles se privent de leur capacité à être qui elles sont pleinement, à dire leur fait, à s’exprimer, car parler beaucoup n’est pas forcément s’exprimer. Lorsque vous vous exprimez, vous dites une part de vous. Vous l’offrez, cette part de vous. Vous la posez devant vous, pour que cette part de vous soit vue. C’est très différent de ce qui se passe lorsque vous exposez sans discrimination tout le contenu de vos pensées, car alors vous ne dites pas qui vous êtes, vous ne donnez pas forme à votre pensée, vous exposez simplement un chaos, et donnez à l’autre le soin d’y imposer une forme, de sorte que vous puissiez vivre selon cette forme sans en assumer la responsabilité, car c’est une autre qui vous l’a donnée.
Vous avez le droit de vivre, vous avez le droit d’exister, vous avez le droit de dire « je ». Vous avez le droit de donner votre avis, de dire ce que vous pensez, vous avez le droit de vous tromper, vous avez le droit de faire des erreurs. Vous avez le droit de dire haut et fort qui vous pensez être, qui vous choisissez d’être. Vous ne serez pas puni pour cela. Donc n’ayez pas peur. Acceptez de naître. Acceptez d’apparaître tel que vous voulez être. Tel que vous vous sentez être.
Adrien : Quel lien ce genre d’attitude peut avoir avec le fait de faire des grands projets ?
… Donc là ça ne me vient pas vraiment en texte, mais je sens que les gens qui parfois lancent des grands projets, et parlent des grands projets qu’ils ont, comme cette personne qui disait qu’elle allait inspirer un million d’artistes, je le ressens comme si c’était un appel à la réalité. C’est comme un enfant qui ferait une bêtise pour attirer l’attention, là on dit une bêtise pour que la réalité se rappelle à nous. Donc en réalité les personnes qui se lancent dans des projets invraisemblables, sont souvent des personnes qui ressentent un besoin d’être ramenées au réel. C’est comme leur cure en fait.